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bsoco : Adobe n’est pas uniquement spécialisé en e-learning, ce qui est rare sur ce marché. Pourquoi un éditeur majeur comme vous s’intéresse au e-learning ?

Shameer Ayyappan : Adobe a une longue histoire avec les logiciels e-learning, héritée de l’expertise de Macromedia (absorbé par Adobe). Une partie significative du chiffre d'affaires de Macromedia venait d'outils de création de e-learning. Après l'acquisition, Adobe a souhaité donner une nouvelle dimension à cette offre. Adobe a été et continue d'être leader sur le marché des outils de création e-learning (nous recevons à ce titre de nombreux prix par des structures indépendantes).

Adobe a des outils dédiés au e-learning et à la création de didacticiels comme Adobe Captivate et Adobe Presenter.

De plus, la plupart des autres outils populaires d'Adobe (comme Adobe Photoshop, Adobe Acrobat, Adobe Dreamweaver, Adobe Flash, etc.) sont des outils extrêmement utilisés parmi les créateurs d'apprentissage en ligne. Un grand nombre d'outils Adobe proposent d’ailleurs de nombreuses communautés d'apprentissage en ligne où les concepteurs se retrouvent.

Un récent sondage auprès des membres de la « eLearning Guild's » montre que 80% des professionnels du e-learning utilisent les outils Adobe, et que Adobe Captivate est beaucoup plus utilisé que n'importe quel autre outil de e-learning.

bsoco : On peut distinguer trois grandes catégories de solutions logicielles : les outils de rapid learning, les outils auteurs et les LMS. Pensez-vous que l’une d’entre elles est prépondérante dans la réussite d'un projet e-learning ?

Shameer Ayyappan : Il y’a un changement visible dans l'évolution des logiciels e-learning et survenu ces deux dernières années. Cela se caractérise par une augmentation significative de l'adoption et de l’utilisation du rapid learning au détriment du e-learning traditionnel.

Il y a encore quelques années, les concepteurs utilisaient des outils classiques pour créer des formations en ligne. Il fallait beaucoup de temps pour concevoir des parcours en utilisant ces outils, parfois des semaines ou des mois, pour un seul cours. Les contenus étaient alors plus pérennes.

Aujourd'hui, le scénario est extrêmement différent. La grande tendance est de s’orienter sur des outils de rapid learning comme Adobe Captivate et Adobe Presenter. Ces logiciels permettent de créer un large éventail de contenus d'apprentissage et de films d’écran.

Ces outils modernes de création n'ont pas besoin de programmation et peuvent être utilisés par presque n'importe quel utilisateur, avec peu, voire aucune formation. Ils sont bien adaptés à la dynamique changeante de l'industrie. Avec les compressions budgétaires et l'élan accru pour les contenus dynamiques, les entreprises n’ont plus le temps et plus les ressources pour créer du e-learning traditionnel.

Les outils de rapid learning d’aujourd'hui sont extrêmement robustes et puissants. Ils permettent un très haut degré de flexibilité dans la création de cours, ce qui est comparable, voire mieux que les outils classiques.

Une fois la création terminée, la plupart des cours d'apprentissage en ligne doivent permettre l’édition de rapports. C'est là que le LMS intervient. Presque tous les fournisseurs d'outils de création du marché respectent les normes, comme l’AICC ou le SCORM, qui permettent aux contenus de communiquer avec presque tous les LMS.

Mais l'installation d'un LMS est un processus coûteux et fastidieux. Là aussi il y a un changement de tendance. Les sociétés recherchent davantage des solutions cloud (à la place de solutions traditionnelles plus coûteuses) qui permettent le suivi et les rapports de base sans les désavantages d'un LMS.

bsoco : Comment voyez-vous l'avenir du l'e-learning ?

Shameer Ayyappan : L'industrie du e-learning est à un tournant intéressant et la tendance du partage des connaissances prend de plus en plus de place par rapport à l'apprentissage en ligne structuré. Le social learning est clairement l'un des domaines vers lequel l'industrie du e-learning est entrain de se tourner.

Aujourd’hui, les apprenants se forment quand cela est nécessaire : pas forcément dans un lieu et dans un temps prédéfini. Cela s’accélère avec l’émergence de la diffusion sur les appareils mobiles comme les tablettes ou les smartphones.

L'autre tendance est le développement et le partage des connaissances dans les PME. L'apprentissage collaboratif est aussi une nouvelle tendance dans laquelle les apprenants peuvent poser des questions et collaborer avec l'auteur du cours ou les autres étudiants. Tous ces dispositifs prévoient un environnement de création simple.

L'apprentissage basé sur la vidéo est également en passe de devenir l'un des moyens les plus efficaces d'apprendre.

Par conséquent, on assiste à un changement des besoins évoluant vers des outils capables de faire de l'apprentissage vidéo, faciles d’accès pour les formateurs et qui peuvent également être utilisés pour publier sur des appareils mobiles.

bsoco : L'utilisation du Flash est encore prédominante dans le e-learning. Pensez-vous qu'elle va continuer pendant un certain temps ? Ou bien le HTML5 va-t-il remplacer très rapidement le Flash ?

Shameer Ayyappan : Flash va continuer à dominer le e-learning pour les prochaines années, mais il ya une grande demande pour que les contenus soient disponibles sur les appareils mobiles des apprenants. En ce sens, le HTML5 est certainement l'une des plus fortes tendances émergentes. Toutefois, il existe encore de nombreuses lacunes dans l'intégration de l’HTML5 par les navigateurs.

Dans un proche avenir, le e-learning lu sur les ordinateurs sera géré par le Flash tandis que les appareils mobiles utiliseront le HTML5.

bsoco : Quels conseils donneriez-vous à quelqu'un qui veut acheter un logiciel e-learning ?

Shameer Ayyappan : Bien qu'il existe de nombreuses possibilités pour choisir un outil de création, il faut avant tout vérifier quel type de profil pourra réellement créer des contenus e-learning. La bonne décision est d'envisager d’acquérir un outil d'apprentissage en ligne rapide, simple à utiliser et exploitable par tous, avec peu, voire aucune formation.

Cela permet de démocratiser la création de contenus e-learning et les outils qui permettent de créer du contenu sans programmation doivent être privilégiés.

L'autre facteur à considérer est que l'apprenant tire son apprentissage de deux sources d’information : à la fois du contenu mais aussi du présentateur/formateur. Il est donc bon de rechercher un logiciel qui permette de capturer à la fois la vidéo ou l’audio du formateur (présentateur) et son contenu (diaporama). Les outils vidéo qui captent et enregistrent sur l’ordinateur le flux de la webcam sont des options à prendre en compte.

Par ailleurs, pour des apprentissages en ligne plus complets et structurés, il faut envisager un outil robuste permettant de créer une grande variété de contenus e-learning.

Ces outils doivent également permettre de personnaliser l'aspect et la convivialité des contenus. Ils ne doivent pas limiter le concepteur dans sa créativité.